Article publié en 2003
Historique
L’idée de créer une ligne de chemins de fer jusqu’à Laneffe trouve sa raison dans le projet de l’ingénieur Magis du Ministère des Travaux Publics. Ce projet, conçu en 1842, prévoit la construction d’une ligne qui servira d’épine dorsale (grosso modo la ligne 132) et une série de lignes « antennes ». Tout ceci en suivant les vallées de la région pour d’une part, éviter des coût de construction trop élevés et d’autre part, pour desservir les différentes industries de la région de l’Entre-Sambre-et-Meuse.
Des autorails du type 551 comme représenté sur ce dessin ont circulé sur la ligne 111, la gare de Walcourt est située sur la ligne 132 et en correspondance avec la ligne 111 à Berzée un peu plus au nord. L’Entre-Sambre-et-Meuse était parcouru par un vaste réseau ferroviaire au XIXe siècle - Dessin de l’auteur
Dans ce projet, une première antenne (en venant de Charleroi) est prévue entre Berzée et Laneffe en remontant la vallée du Thiria. Le but est de desservir le centre métallurgique de Thy-le-Château et ensuite Laneffe où était établi un haut fourneau au coke. Ensuite, il était prévu de passer la route Charleroi – Couvin (l’actuelle N5) et de continuer vers Thy-le-Beauduin et Hanzinelle qui possédaient aussi des hauts-fourneaux. La ligne projetée s’arrêtait au droit de la route Fraire – Oret.
Le 27 novembre 1848, une première section de la ligne principale est mise en service entre Charleroi et Walcourt, ainsi que les antennes vers Morialmé et notre ligne 111 vers Laneffe. Il ne sera, en fin de compte, jamais construit de ligne ferrée au-delà de Laneffe. La ligne s’arrêtant au droit de la route Charleroi – Couvin. Cette antenne fut mise en service par la Compagnie de l’Entre-Sambre-et-Meuse.
Toutes les lignes de la région, y compris la 111, étaient avant tout réservées pour le trafic marchandises.
Le 13 juin 1864, la compagnie de l’Entre-Sambre-et-Meuse est intégrée à un ensemble plus grand connu sous le nom de « Grand Central Belge ». Cette dernière se retrouve à la tête d’un réseau de 478 km de lignes. Elle rationalisa l’exploitation des lignes en sa possession et c’est elle qui mit en route des trains voyageurs sur la ligne Berzée – Laneffe.
Les horaires de la ligne en 1948 - Collection de l’auteur
Le Grand Central Belge avait une concession pour trente années. Ainsi, le 1er janvier 1897, l’Etat Belge reprit l’exploitation des lignes de cette compagnie. C’était la grande époque de la nationalisation des chemins de fer en Belgique. C’est aussi l’Etat Belge qui mit en service, en 1875, la ligne Berzée – Thuillies, antenne de l’axe Mons – Lobbes – Chimay qu’elle rejoignait à Thullies.
Après la seconde guerre mondiale, la ligne n’échappa pas aux plans de restructuration qui sévirent partout en Belgique. La concurrence de la route, les coûts élevés pour la desserte des petites lignes sont deux des raisons qui provoqueront la disparition de maintes petites lignes à travers tout le pays. La ligne 111 échappa cependant à l’élagage de 1954 mais l’intermède fut de courte durée. En 1960, le trafic voyageurs est transféré sur la route. Le démontage de la section Thuillies – Berzée est autorisé à partir de 1972 mais sera reporté d’années en années car l’on voulait maintenir un itinéraire de secours vers Lobbes en cas de problèmes sur la ligne Walcourt – Charleroi. La ligne 111 entre Berzée et Thuillies sera mise hors inventaire en 1980 suite à l’état impraticable de la voie.
En ce qui concerne la section Berzée – Laneffe, le démontage de la section entre Gourdinne et Laneffe fut autorisé dès 1962, le reste de la ligne étant, quant à lui, mis à exploitation simplifiée. Thy-le-Château – Gourdinne sera mise hors service en 1982 lorsque la desserte d’un établissement de dolomies fut abandonnée. La section Berzée – Thy-le-Château fut maintenue jusqu’en 1988 pour la desserte des établissements métallurgiques de Saint-Eloi. En 1989, la ligne disparut totalement, la reléguant définitivement aux rayons des souvenirs.
A l’heure actuelle, il existe encore une ligne d’autobus du TEC-Namur-Luxembourg qui porte le numéro 111a et qui dessert la défunte ligne ferrée. Un mot d’explication quant au numéro porté par la ligne: au moment de sa création, la ligne de « substitution » fut exploitée par la SNCB (bus vert et crème). Il était d’usage que ces lignes de bus portent le même numéro que la ligne qu’elle remplaçait partiellement ou totalement. En 1978, la SNCB céda à la SNCV, l’exploitation de ses lignes d’autobus de substitution et de complément. Lors de la régionalisation de la SNCV en 1991, ces lignes furent naturellement intégrées dans le réseau des TEC.
Autres données sur la ligne
| 111 | Thuillies - Berzée - Laneffe |
Km | Gares et Haltes, points singuliers |
---|---|
0 | Thuillies (correspondance lignes SNCB 109 et SNCV 75 |
8/0 | Berzée (correspondance ligne SNCB 132) |
2 | Thy-le-Château |
4 | Cafonnette |
5 | Gourdinne |
7 | Laneffe |
La ligne n’a jamais été portée à double voie ni électrifiée. La halte de Cafonnette a été ouverte après 1935 et plus vraisemblablement après la seconde guerre mondiale.
Plan schématique de la ligne 111 - Clic droit sur l’image pour télécharger/afficher en PDF
Bibliographie
- Trans-fer spécial n°2, GTF asbl, 1985;
- En chemin de fer dans l’entre-Sambre-et-Meuse, numéro hors-série de trans-fer, GTF asbl, avril 1981;
- Rallye d’autorails dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, numéro hors-série de trans-fer, GTF asbl, 21/22 sept. 1991;
- Aide mémoire ferroviaire n°1, GTF asbl, 1975;
- Indicateur SNCB de 1948,1952, 1956-1 et 1975.
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